Édition #69

Mars 2025

François Pratte

De grandes décisions seront sans doute prises par Desjardins au cours des prochaines années : planification stratégique, transformation numérique, gouvernance des caisses, centralisation croissante… Dans un tel contexte, le tandem Président-DG peut jouer un rôle crucial pour l’évolution du Mouvement et des caisses Desjardins dans leur ensemble. Nous nous sommes entretenus sur le sujet avec Mme Jocelyne Trudel, présidente de l’APCD. Voici un condensé de cet entretien.

À votre avis, quel sera le rôle du tandem Président-DG dans un tel contexte de transformation chez Desjardins ?

Je pense que ce rôle ne devrait pas changer, puisqu’il est basé sur la confiance et le respect mutuel. Il repose aussi sur la symétrie au niveau de l’information. En fait, je crois que le tandem Président-DG, dans chacune des caisses du réseau, est un prélude au tandem formé par nos deux associations et doit s’appuyer sur la communication.

Vous parlez bien entendu d’une communication fluide entre présidents et DG.

Oui, mais aussi avec le Mouvement, chacun dans ses champs d’action. La règle de base est que la direction générale voit tout le volet opérationnel et fait le suivi des plans stratégiques, et que les présidents, avec les conseils d’administration, assurent la bonne gouvernance.

Cela dit, les caisses doivent composer avec une centralisation croissante. Leur autonomie est relative.

Je suis certaine que pour la direction générale dans les caisses, les inconvénients liés à la centralisation sont différents de ceux qui se présentent du côté de la gouvernance. L’important, c’est d’être capable de s’épauler. L’information, la communication, c’est l’essence nécessaire à la cohérence des actions.

Puisque leurs rôles sont différents et bien définis, les présidents et les DG ne sont pas toujours ensemble dans les rencontres avec le Mouvement. Pouvons-nous tenir pour acquis que chacun reçoit la même information ? Après tout, l’information, c’est le pouvoir.

C’est à géométrie variable, puisque la gouvernance relève des présidents, et les opérations, des directeurs généraux. Par contre, on se rejoint lorsque, par exemple, la Fédération nous demande d’appliquer dans nos caisses des politiques, des normes ou des directives afin de se conformer à la Loi sur les coopératives de services financiers.

Certaines politiques, toutefois, semblent être le fruit de la volonté de la Fédération d’assurer une cohérence dans le réseau des caisses. Comment voyez-vous la chose ?

Certaines politiques recommandées par la Fédération ne s’appliquent pas mur à mur, et les caisses devraient pouvoir les adapter à leurs réalités propres. Lorsque ce genre de problématique surgit, le tandem Président-DG a toute sa raison d’être. Le DG, avec son expertise, éclaire le conseil d’administration qui, à son tour, apporte sa vision des choses. Il est donc primordial d’avoir la même information. Je pense, par exemple, aux cotisations des caisses, qui sont gérées par la Fédération. Il faut que les conseils d’administration soient mis au courant en même temps que les directeurs généraux. Beaucoup de sujets devraient être présentés simultanément aux présidents et aux DG.

Plutôt que d’employer le terme « imposées », vous avez parlé de politiques « recommandées » par la Fédération. C’est une nuance importante, non ?

Peut-être que le mot « recommandation » a signifié autre chose pour certains dans les douze à quinze derniers mois, et a été plus souvent utilisé comme une imposition. Il faut rectifier le tir, parce que la mobilisation, des deux côtés, en sera tributaire. Il est extrêmement important d’utiliser les termes à bon escient.

Ici encore, on peut imaginer le rôle essentiel que peut jouer le tandem Président-DG.

Absolument. Quand on amène ce tandem au niveau des associations — l’APCD et l’ADGC — et qu’on se rencontre en se donnant de l’information, on constate qu’on n’est pas seul.

La force de l’ADGC résulte notamment de sa représentativité, puisque la quasi-totalité des DG des caisses en font partie.

Oui, et nous souhaitons évidemment qu’une aussi grande proportion de présidents et de vice-présidents de caisses adhèrent à l’APCD, ce qui n’est pas encore tout à fait le cas. Les directeurs généraux de caisses dont les présidents ne sont pas membres de l’APCD auraient peut-être intérêt, eux aussi, à ce que leurs présidents en fassent partie. L’appartenance à nos associations dans le réseau est importante, puisque nous sommes tous isolés, chacun dans sa portion de territoire. Si on n’a pas la possibilité de communiquer avec d’autres qui vivent la même situation ou qui font face aux mêmes défis, on peut se sentir très seul.

Et les défis ne manquent pas au sein du réseau.

En effet ! Par exemple, lorsque tous les conseils d’administration des caisses se sont vu attribuer des tablettes numériques pour Desjardins, l’été dernier, l’adaptation a été difficile et plusieurs se sont sentis maladroits avec la technologie. On s’en est parlé entre nous et on a amené le sujet à l’Association des présidents. Il fallait faire vite, car entre le constat du problème et la présentation d’une solution, on pouvait perdre des membres dans nos CA : en se sentant un peu perdus, ils se seraient démobilisés. Dans ce cas comme dans bien d’autres, l’APCD a démontré sa pertinence. Il fallait aussi que ce soit connu à l’ADGC, car les deux associations travaillent en tandem.

Vous revenez à la communication.

C’est la base !

Pourriez-vous résumer, en quelques mots, ce qu’est, pour vous, le tandem Président-DG ?

C’est un travail d’équipe qui doit se faire dans un esprit de confiance mutuelle et se baser sur un partage d’informations, dans le but de créer une harmonie en ce qui a trait aux opérations et à la stratégie à la caisse. « Équilibre » est le mot clé. Deux personnes intelligentes traitent les mêmes informations intelligemment, chacune selon son expertise, afin que les meilleures décisions soient prises pour la caisse et ses membres.

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