
Jean-Pierre Cantin, [email protected]
Le printemps et l’été ont été particulièrement éprouvants pour nos membres, notamment sur le plan humain. J’espère donc que vous avez tous profité de la saison estivale pour vous reposer et vous ressourcer, même si plusieurs d’entre vous se sont déclarés disponibles en cas d’urgence dans leurs organisations.
Vous êtes des professionnels, vous êtes des personnes solides, et depuis mars, vous avez démontré votre leadership en déployant tous vos talents de gestionnaire et de psychologue pour composer avec une nouvelle réalité. Bravo.
Ces derniers mois m’ont permis de sentir toute l’importance de la solidarité entre nous, les DG, DCDE et DSSD du réseau Desjardins. En étant à l’écoute de ses membres, notre association a prouvé toute sa raison d’être, et je suis persuadé qu’ensemble, nous continuerons de bâtir nos organisations et de faire valoir le rôle fondamental que nous jouons au sein du Mouvement.
Nous serons très sollicités sur tous les plans à la rentrée, et la saison automnale nous réserve sans doute quelques surprises. Nous vous encourageons à participer activement à toutes les discussions qui auront lieu au cours de la prochaine année dans le réseau. Vous avez votre mot à dire parce que, rappelons-le, vous êtes les leaders de vos organisations. Vous êtes sur le terrain. Vous êtes mieux placés que quiconque pour en prendre le pouls et pour noter ce qui marche ou ne marche pas. S’il y a des incohérences, notez-les et communiquez-les. Les silencieux ne sont jamais entendus.
Rencontres des leaders et Forum de concertation Mouvement
Les 5 et 6 juin derniers, deux rencontres importantes ont eu lieu par webdiffusion. Étaient notamment présents les administrateurs des caisses du réseau. La pandémie affectera sûrement les tendances 2021-2024 dont nous avons discuté ces deux jours-là, et comme nous en avons alors convenu, il était trop tôt pour en mesurer les impacts potentiels avec précision. Certaines tendances, telles les applications numériques et la réorganisation du travail, seront sans doute accélérées. Il semble que la pandémie aura provoqué une récession économique. Toutefois, nous avions tous en tête d’adopter une vision à long terme du Mouvement, de faire évoluer le modèle Desjardins afin de saisir les occasions générées par les tendances pour atteindre et maintenir notre objectif d’être, dans chacune de nos organisations, dans notre grand Mouvement, premier dans le cœur des gens.
Parmi les tendances « disruptives », on a mis en relief, entre autres, le choix des consommateurs de ne plus posséder « l’objet » et la montée en puissance de l’économie du partage. Ce phénomène avait d’ailleurs été évoqué par le conférencier Guillaume Lavoie à notre congrès 2019.
Il n’est jamais trop tôt pour réfléchir à tout ça, mais quand viendra le temps de prendre des décisions concrètes, l’éclairage fourni par les membres de l’ADGC sera essentiel.
Solidarité et pérennité
Selon Antidote, le terme solidarité se définit ainsi : « Relation entre personnes unies par un sentiment de communauté d’intérêts qui les pousse à se porter aide mutuelle. »
La solidarité est le fondement même de Desjardins. Nous le savons tous. Nous savons aussi que notre institution — un réseau de coopératives financières autonomes — s’est construite et continue de grandir « en plaçant l’intérêt de ses membres au cœur de ses priorités ». Formulé de différentes manières, cet énoncé est si connu, si cliché, et on le tient à tel point pour acquis qu’on finit par l’oublier parfois. Comme on oublie la chaîne de nos vélos jusqu’à ce qu’elle débarque. Elle est pourtant au centre du mécanisme qui nous permet d’avancer.
Qui sont nos concurrents ?
À titre d’employeur, c’est parfois le gouvernement fédéral, le Costco du coin ou la nouvelle mine qui vient d’ouvrir, mais c’est aussi parfois la banque canadienne d’à côté qui a versé un régime d’intéressement, et ce, même en temps de crise, en 2008.
Pour la vente de nos produits et services, nous savons tous que la menace réelle de Desjardins est moins les banques et autres organisations privées du même secteur que des entreprises qui ont agrandi leurs carrés de sable respectifs jusque dans des marchés qui nous étaient exclusifs.
Nos enjeux ne sont pas tous devenus tout à coup que des enjeux mondiaux qui n’ont de réponse que des réponses Mouvement.
Notre ancrage dans nos communautés nous distinguait. Il doit continuer de le faire. Notre pérennité rassure les Québécois. Nous vivons depuis quelques mois des bouleversements individuels et collectifs, et notre mission à l’égard des individus et de la collectivité prend aujourd’hui tout son sens. Alors même si les caisses du réseau sont maintenant souvent guidées dans leurs décisions par une certaine solidarité financière collective, il ne faut pas pour autant laisser tomber les leviers de bonnes stratégies régionales et locales qui nous ont permis d’être aussi pertinents.
Gouvernance
Au cours de la prochaine année, de nombreuses occasions se présenteront dans le réseau, notamment avec les administrateurs de nos caisses, pour réfléchir ensemble et partager nos réflexions, entre autres sur les orientations stratégiques, mais apparemment aussi sur la gouvernance. Rappelons-nous que les DG relèvent des conseils d’administration des caisses Desjardins, et qu’à ce titre, ils doivent faire vivre les rôles et responsabilités de leurs caisses respectives. Par ailleurs, ils sont continuellement appelés à juste titre, par la Fédération, à penser « Mouvement », puisque les caisses aussi ont des responsabilités d’actions collectives.
Pouvons-nous à la fois rester solidaires avec le Mouvement et maintenir notre solidarité avec nos milieux ? La question ne devrait même plus se poser et la réponse devrait être un gros oui. À condition, bien sûr, de ne pas être que Mouvement ou que local. Le Mouvement lui-même se doit d’être solidaire avec ses caisses et leurs milieux respectifs. Nous avons d’ailleurs discuté de cet équilibre lors d’une rencontre avec des membres du CA de l’APCD à la fin du printemps. Rappelons-nous que la qualité de l’artiste se manifeste dans sa capacité à mélanger soigneusement la quantité de chaque ingrédient et de former un tout harmonieux.
Pendant la plus grande partie de l’histoire du Mouvement Desjardins, le membre a été au cœur des décisions de la caisse, et les caisses ont été au cœur des décisions de la Fédération. Mais progressivement, il y a eu migration : la Fédération a été au cœur des décisions des caisses, et le membre a été au cœur des stratégies de la Fédération. Cela comporte des avantages, notamment pour la virtualisation des relations de nos membres avec le Grand Desjardins, mais certaines décisions mériteraient davantage de consultations avec les caisses afin de tenir compte de l’ensemble des impacts sur le terrain. C’est ce dont nous avons convenu avec l’APCD.
En fait, la centralisation est appropriée dans l’optique de créer un Desjardins cohérent, notamment entourant l’expérience membre, mais pour ce faire, il est important de se concerter et de tenir une discussion collective. Si notre institution financière était un vélo, il serait essentiel de ne pas oublier d’en examiner la chaîne et de s’assurer d’en soigner chaque maillon. Et bien entendu, la solution ne serait pas de souder tous les maillons pour en faire un seul bloc rigide. La souplesse de la chaîne et son mouvement naturel sont le secret de la mobilité du vélo Desjardins. Après tout, nous savons tous que pour garder l’équilibre, nous devons être en mouvement et avoir la capacité de naviguer entre nos orientations stratégiques communes et nos identités locales.