
La vie est un jeu
La gamification (ou ludification) s’est imposée dans la plupart des projets d’innovation ou de mise en marché. L’idée est simple : augmenter l’acceptabilité du participant (membre-client, employé, gestionnaire, etc.) en lui donnant une gratification immédiate et en le récompensant pour son effort. Mais pourquoi déployer tant d’efforts pour « faire embarquer » les gens ? La réponse en trois principes.
Nous sommes paresseux
Pour des questions primaires d’économie d’énergie, l’être humain préfère en faire le moins possible. Pour expliquer un comportement, nous avons besoin de trois ingrédients : la motivation, la facilité, un déclencheur. L’auteur de cette thèse, le Dr B. J. Fogg, de Stanford, explique qu’il n’existe qu’une seule manière de faire changer le comportement des gens. Et elle ne repose pas sur la motivation, mais plutôt sur la facilité. C’est pourquoi toutes les marques se battent pour simplifier la vie de leurs clients.
Le choix par défaut
La meilleure démonstration de cette paresse a été faite par le Prix Nobel de l’économie Richard Thaler, qui a démontré qu’une option « plus compliquée » succombait systématiquement à l’option la plus simple. L’exemple le plus connu : le don d’organes. Deux approches possibles : demander aux gens de cocher une case pour être donneur… ou bien cocher une case pour refuser d’être donneur. Les gouvernements qui choisissent la deuxième option sont ceux qui ont le plus grand nombre de donneurs. La raison est simple : il fallait « faire l’effort » de cocher une case. Cette invitation à ne pas réfléchir a permis à un aéroport d’économiser des frais de ménage dans les toilettes pour hommes, où l’on invitait ces messieurs à « viser la mouche » — un collant installé au fond des urinoirs. Ces « nudges » minuscules ou ludiques incitent les gens à changer leur comportement en levant le fardeau de l’effort… même si cet effort est minime.

Nous apprenons par le jeu.
L’homo sapiens (nous) doit sa survie à son savoir, son intelligence. Et comment avons-nous appris ce que nous savons ? Par le jeu. Interagir avec le monde. Socialiser. Compter. Écrire. Tout le savoir que nous avons, nous l’avons acquis par le jeu. Depuis toujours, ces acquis ont été validés par une récompense (le sourire d’une maman, une note, un diplôme, une médaille).
Bref
Le jeu permet de contourner notre paresse, de nous inciter à changer notre comportement ou encore de récompenser un effort. Au final, ces trois principes agissent sur notre confiance, notre reconnaissance, notre besoin d’estime… Bref, la « gamification » s’explique aussi par un retour à la pyramide de Maslow (1991).