Changement de paradigme

Karine Oscarson et François Pratte

Le lundi 9 mars dernier, les bourses ont chuté de manière spectaculaire à la suite de l’effondrement des cours du pétrole et de l’incertitude provoquée par le coronavirus : l’Italie venait d’imposer la mise en quarantaine de l’ensemble de sa population. Le monde entier rivait ses yeux sur la menace de la pandémie. Le Canada recommandait à tous ses citoyens d’éviter les navires de croisière. Et bien sûr, on insistait sur les mesures d’hygiène à adopter.

Trois jours plus tard, le 12 mars, la planète déclarait officiellement la guerre à l’ennemi invisible. Au Québec, solennellement, le premier ministre annonçait des directives pour ralentir la propagation de la maladie qui portait désormais le nom officiel de Covid-19. La plus importante d’entre elles, prélude à d’autres qui allaient suivre les semaines suivantes, touchait directement l’ADGC : tout événement rassemblant plus de 250 personnes était désormais interdit. Le dîner-conférence annuel de l’Association, qui devait se tenir le 27 mars, devait donc être annulé.

Dans le dernier numéro de Leader, nous parlions des changements sociétaux amenés par la génération des millénariaux. Aujourd’hui, nous sommes témoins des changements en profondeur déjà provoqués par la pandémie, notamment en ce qui concerne les employés dans les organisations : ce qu’ils vivent aujourd’hui et leurs attentes pour demain.

Ce numéro de Leader est donc entièrement consacré à la Covid-19. Le sujet est large. Nous nous sommes concentrés sur les aspects touchant directement notre lectorat, et particulièrement sur l’organisation du travail. Nous nous sommes également penchés, sans faire de prédictions qui relèveraient des oracles de l’Antiquité, sur les changements probables que cette crise sanitaire et le confinement entraîneront dans les milieux de travail au cours des prochaines années.

Bien malin qui pourrait prédire précisément à quoi ressemblera le lendemain de la crise sanitaire, mais il y en aura un.

Dans son texte intitulé Comment réagir face à la peur ?, l’auteur de la chronique Tendances, Gaëtan Namouric, présente quelques moyens de passer à travers l’épreuve. Des exemples : ne rien cacher, rester dans l’œil du cyclone, créer un lien familier et assumer l’importance des enjeux.

Un très grand nombre de membres de la Caisse Desjardins du Réseau de la santé — médecins, infirmières ou préposés aux bénéficiaires dans les hôpitaux et CHSLD, par exemple — ont été directement engagés dans l’immense bataille collective pour limiter les effets dévastateurs de la pandémie de la Covid-19. Martin Levac, son directeur général, ainsi que ses équipes à travers le Québec, s’est donc retrouvé, du jour au lendemain, au cœur de la tempête. Lisez La Caisse du Réseau de la santé au temps du confinement. Un portrait de leader.

Bien malin qui pourrait prédire précisément à quoi ressemblera le lendemain de la crise sanitaire, mais il y en aura un. Comment s’y préparer ? Pour obtenir quelques réponses, nous avons eu la chance de nous entretenir, le 5 mai dernier, avec Catherine Émond et Claude Riverin, tous deux consultants en ressources humaines et coachs professionnels. Quels devraient être les premiers gestes des leaders du Réseau, quels seront les pièges à éviter, quelles étapes devront-ils franchir ? Et pour le bien-être des organisations et de leurs employés, qu’est-ce qui comptera le plus au retour de la pandémie ? Nous leur avons posé ces questions, ainsi que beaucoup d’autres, auxquelles ils ont apporté des réponses fort éclairantes.

Comme d’habitude, vous lirez aussi des textes signés par des DG membres du CA de l’Association. Ils témoignent de ce qui s’est vécu dans le réseau depuis la mi-mars. Voici des extraits de leurs chroniques :

Serge Barrette : « C’est dans le confinement et soutenus par un bel esprit d’équipe que les gestionnaires et employés de nos caisses ont démontré leur résilience. Après seulement une semaine ou deux d’adaptation, les employés de nos caisses avaient déjà bien intégré de nouvelles habitudes de travail à leur quotidien. »

Joé Bélanger : « Nous avons démontré notre volonté et notre capacité, malgré les contraintes, de demeurer présents pour notre clientèle et de faire une réelle différence dans leur vie, souvent durement affectée par la pandémie. »

Steeve Chapados : « Ce que nous avons observé dans nos caisses et tout autour de nous depuis la mi-mars, c’est que l’être humain est capable de s’adapter aux nouvelles situations et qu’il fait preuve de créativité lorsqu’il est confronté au danger. »

Denis Guay : « Le contexte de la pandémie nous a inévitablement forcés à faire les choses autrement. À adapter nos modes de gestion et à faire preuve d’agilité et d’innovation. Devant cette nouvelle réalité, aussi soudaine qu’évolutive, les gestionnaires que nous sommes ont rapidement dû mettre de côté certains paradigmes forgés à force d’années et d’expériences. »

Chantal Parent : « La gestion de la crise provoquée par la pandémie de la Covid-19 a d’abord été axée sur l’humain. Nous l’avons recentré plus que jamais au cœur de nos pratiques. Elle nous a amené de nouvelles réflexions sur l’équilibre travail-famille, et elle a fait valoir toute la capacité et la souplesse donnée aux employés par le télétravail. »

Le télétravail deviendra-t-il la norme ? Nul doute que cette question et beaucoup d’autres émergeront de nos discussions au sein de l’Association ces prochains mois.

Profitez bien de l’été.