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Les deux dernières années ont été mouvementées pour Patrice Mainville, DG de la Caisse Desjardins de la Rivière-du-Nord, dans les Laurentides. Deux projets importants se sont concrétisés : le regroupement de deux caisses en 2018, suivi de celui de trois centres Desjardins Entreprises en 2019. Le DG prendra d’ailleurs sa retraite à la fin de cette année. Il s’est dit : « Idéalement, tout sera fait avant que je quitte. Ils auront les outils nécessaires pour continuer de développer le marché. »
Tout cela a commencé avec le projet de regroupement des caisses. Depuis un bon moment, les caisses de Saint-Jérôme et de Saint-Antoine étaient en réflexion : « C’était quelque chose que nous avions dans le collimateur, parce que nous étions convaincus qu’avec la fusion, nous formerions une entité beaucoup plus efficace. Avec une MRC et une chambre de commerce, ça nous semblait avoir plein de sens. » Toutefois, une norme fédérative empêchait le regroupement de caisses qui comptaient plus de 50 000 membres.
Dès que cette limite a été levée, une fenêtre s’est ouverte, et les deux caisses ont entamé le processus. Leur objectif était d’atteindre les masses critiques nécessaires et de développer leur expertise pour l’évolution de l’offre aux membres et aux clients de Desjardins. La proposition a été faite à leurs membres à l’automne 2017, et la nouvelle Caisse Desjardins de la Rivière-du-Nord a vu officiellement le jour en janvier 2018. Elle compte aujourd’hui 70 000 membres.
Après deux ans à la direction générale, Patrice Mainville se dit heureux des résultats : « Nous avons une expertise supérieure et nous avons été capables de doter la caisse d’une équipe vraiment efficace. Et en ce qui concerne la rentabilité, nous observons une augmentation de 50 %. Le regroupement a été un projet gagnant pour nos membres et nos clients. »
En ce qui concerne le personnel, l’orientation du conseil était de procéder par attrition pour les doublons de postes, tel celui d’adjointe à la direction générale. Toutefois, comme le dit le DG, « la fenêtre était bonne, car il n’y a pas eu de mises à pied ».
Bien sûr, tout regroupement chambarde un peu les habitudes des uns et des autres, mais somme toute, les membres sont aujourd’hui satisfaits, et tous ceux qui ont été directement concernés considèrent que la création de la nouvelle Caisse de la Rivière-du-Nord a été une belle création pour le Mouvement Desjardins.
Qui est Patrice Mainville ?
Entré à la Fédération Lanaudière à titre de conseiller en gestion financière en 1987, Patrice Mainville a occupé le poste de directeur général de plusieurs caisses Desjardins depuis 1990. Avant de diriger la Caisse Desjardins de la Rivière-du-Nord, en 2018, il était le DG de la Caisse Desjardins de Saint-Jérôme depuis 2004. Parallèlement, il a occupé la présidence du comité de coordination du CDE Laurentides (anc. CFE Desjardins des Laurentides). En début d’année 2020, il sera remplacé à la Caisse par Mme Louise Bergeron, actuelle DG de la Caisse du Quartier latin, et à la présidence du CDE par M. Sylvain Courcelles, DG de la Caisse Desjardins des Grands Boulevards.
Les CDE
Pour le secteur des Laurentides, une autre réflexion avait été engagée par les caisses sur la possibilité de regrouper les trois centres Desjardins Entreprises existants : le CDE Laurentides-Sud pour le secteur Sainte-Thérèse–Blainville–Mirabel–Saint-Eustache, un autre dans le centre des Laurentides, pour le secteur s’étendant de Saint-Jérôme à Mont-Tremblant, et un troisième au nord du territoire, qui couvrait le secteur de Mont-Laurier–Fermeneuve. « La difficulté que nous avions, c’était la petite taille des CDE. Ici encore, on parle de masse critique et de satisfaction de la clientèle. Les trois centres ne géraient pas beaucoup de dossiers d’entreprises, parce qu’ils n’avaient pas la capacité ni l’expertise suffisantes. »
L’une des conséquences de leurs faibles volumes respectifs, nous dit-il, était celui-ci : lorsqu’un dossier majeur était présenté à l’un ou l’autre de ces CDE — une épicerie, une pharmacie ou projet plus important sur le plan de la gestion de risque, par exemple —, ou qu’il demandait une expertise spécialisée, les CDE ne pouvaient l’accepter. Il se retrouvait donc entre les mains d’une institution financière concurrente. L’élément déclencheur du regroupement des CDE a été ce qui s’entendait sur le marché : Desjardins n’est pas le premier joueur qu’on recommande pour les gros projets de financement parce qu’il n’en a pas la capacité.
Desjardins devait-il continuer de gérer les plus petits dossiers et les abandonner aux mains de la concurrence lorsqu’ils devenaient trop gros pour lui ?
Tous ensemble, tant les directeurs des CDE que les DG des caisses de la région, ils se sont assis et ont discuté de l’enjeu. L’idée du regroupement a vite fait son chemin dans la réflexion commune, et elle a fini par se concrétiser en 2019. « Le regroupement a permis au nouveau CDE de se doter d’expertises beaucoup plus spécialisées. Nous avons embauché des directeurs de comptes, et on a formé une nouvelle équipe entièrement dédiée au développement. »
Certains impacts du nouveau CDE se sont faits sentir assez rapidement. Il a permis aux caisses de la région d’explorer de nouvelles avenues, notamment la possibilité d’approcher la grande entreprise. Le directeur du centre (DCDE) est Tommy Pelletier. « Avant le regroupement, les trois centres géraient annuellement un volume total d’environ 60 M$ à 70 M$. Lorsqu’on a présenté le projet de fusion, on nous trouvait trop optimistes avec 85 M$ de croissance, mais on va finir l’année 2019 avec un peu plus que 250 M$ de croissance. C’est presque le triple. »
Bien entendu, les retombées sont concrètes. Comme le dit Patrice Mainville, « le succès du CDE a remis sur la table un projet qui avait déjà été discuté il y a plusieurs années : ne serait-il pas pertinent de regrouper Laval et de créer un seul unique CDE qui couvrirait Laval et les Laurentides ? ». Il rappelle que les caisses se sont déjà dotées d’un SSD qui couvre le même secteur. Il ajoute : « Je sacrifierais peut-être la certitude de mon silo de caisse et de ce que je contrôle pour emprunter un chemin moins connu, mais qui nous permettra, une fois de plus, d’aller plus loin dans notre expertise. »
Ils ont exploré les scénarios potentiels, et l’appui a été inconditionnel de la part des administrateurs de toutes les caisses concernées. L’investissement était judicieux. « Je m’attendais à certaines réticences des administrateurs lors de la présentation du dossier à l’assemblée des caisses, mais leur réaction a été très encourageante. Ils nous ont dit que le projet était rafraîchissant et qu’ils avaient le goût d’aller de l’avant. Comme disait l’un d’eux, “les histoires des petites quotes-parts dans les silos, on n’est plus là”. On avait l’impression que les administrateurs des caisses étaient rendus plus loin que ce que nous pensions nous-mêmes comme DG. C’était un vote de confiance pour nos équipes Entreprises. »
Patrice Mainville pourra prendre sa retraite à la fin de l’année avec le sentiment d’avoir laissé une véritable empreinte au sein du Mouvement Desjardins.
Caisse Desjardins de la Rivière-du-Nord
Le volume d’affaires de la Caisse Desjardins de la Rivière-du-Nord est de 4,6 G$. Elle emploie 170 personnes dans ses six centres de services et compte 69 370 membres. Elle couvre tout le territoire de la MRC de la Rivière-du-Nord, dont la ville centre est Saint-Jérôme.
CDE Laval-Laurentides
Le volume de crédit sous gestion du nouveau CDE Laval-Laurentides est de 3 G$. Il offre quatre points de service répartis sur une distance de 230 kilomètres, dans 77 municipalités. Il compte plus de 25 partenaires économiques. Le mandat de direction a été confié à un jeune leader mobilisant pour ses équipes : Tommy Pelletier. Les opérations du nouveau Centre débuteront le 1er janvier 2020.